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Le costume de Landudec, au carrefour des modes

Le costume de Landudec  est  un bel exemple de l’abondance des modes vestimentaires en Bretagne.

Pour mieux comprendre les spécificités de ce costume, un peu de géographie s’impose.

  • Situation de Landudec :

La commune de Landudec est située au nord du Pays Bigouden et se trouve à la lisière des Pays Glazig et Penn Sardinn.

Cette situation toute particulière au carrefour des grands axes routiers  (Quimper/Audierne, Pont-l’Abbé / Douarnenez et  la route menant à Pont-croix) a permis la diffusion des différents modes vestimentaires au sein de la cité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I -Le costume féminin

Comme partout en Bretagne, le costume de tous les jours est identique en coup au costume de cérémonie. Seuls les tissus utilisés pour la confection diffèrent, étoffe moins nobles mais plus résistantes (ex : pilpous, berlingue…) Nous ne décrirons ici que le costume de cérémonie.

 

Le costume de Landudec  est  identique au  costume bigouden au niveau de la forme et des différentes pièces. En effet, il se compose d’un manchoù, d’un jiletenn, d’une jupe et d’un tablier. 

 

 

 

le manchoù 

 

sorte de veste sans manche, il est en drap de laine. Il a sans doute porté les manches à revers à un moment mais nous ne pouvons savoir exactement quand celles-ci  ont ensuite été cousues au jiletenn.  Il est assez court et se porte sur le jiletenn.

Ar vroz , la jupe 

Elle est aussi en drap de laine, elle est cependant plus simple que la jupe bigoudène. Ici pas de large bande de velours dans le bas mais un simple galon de velours sur laquelle est éventuellement posé un galon métallique (on retrouve la même chose que sur la manche).
Ce galon de velours est relevé de part et d’autre d’un point de chausson au fil de soie jaune.

Le jiletenn 

il porte les manches à revers.  Le plastron est composé de drap de laine sur lequel sont cousues 2 bandes de velours, peut être plus selon la catégorie sociale. A noter que les 2 parties du plastron sont brodées.

On retrouve les broderies typiques du pays bigouden, en fils de soie jaune et vert :

Fougères/radenn et roue/steredenn 

Fleur de lys

Plume de paon/ plum paon vihan et corne de bélier / Korn kras 

Les manches quant à elles sont agrémentées d’une bande de velours, d’un galon métallique et d’un galon/ruban de Plougastel . Le nombre de revers donne une indication de la classe sociale de la femme qui porte le costume. 

Le tablier 

il ne ressemble pas au tablier à ceinture que l’on voit habituellement en Pays Bigouden. En tissu noble (soie par exemple)  pour les grandes occasions, il est lui aussi agrémenté d’un galon de velours et d’un galon métallique dans le bas mais aussi au niveau des poches.

Begou mancheier 

littéralement «  les bouts de manches Â», en drap noble, avec un galon de velours et un galon métallique, elles sont cousues au niveau des revers de manches.

Les bijoux 

le bijou traditionnel est l’épingle de pardon, comme l’on trouve habituellement en Pays Bigouden. 

II- Les pièces inhabituelles
Le col 
La coiffe 
La ceinture

Alors que dans le reste du Pays bigouden, on ne porte pas de col (à l’exception de Plozévet avec la coiffe Dilasenn), le costume se pare d’un petit col plissé, en coton voire en tulle brodé pour les plus coquettes, et surtout pour les bourses les plus fournies !

C'est là que réside toute l’originalité du costume de Landudec. Véritable réinterprétation des coiffes glazik et bigoudènes, la bordelenn vras vihan, c’est son nom est un mélange des genres.  Elle se compose de 3 pièces principales : la visagière,  le dalet et le carton.

 

Les cheveux sont relevés sur un koeff bleo, tout comme pour la coiffure bigoudène.  Ce bonnet est brodé au fil de soie et agrémenté de galon de felh.  En fait, il ne diffère pas du koeff bleo bigouden.

 

La subtilité réside dans le fait que la coiffe est montée comme la Borledenn ou coiffe de Quimper, sur un carton, lui aussi paré de galon de felh ou de galons métalliques. 

La visagière  est identique à celle de Quimper, en coton très fin ou en tulle avec les lacets retombant dans le dos. La seule différence est qu’elle n’est pas nouée sous le menton mais uniquement maintenue sur le bonnet à l’aide d’épingles à tête.

Le dalet , lui aussi en tulle brodé, est quant à lui une autre preuve de la mixité des modes : la disposition des motifs floraux ressemble à s’y méprendre à la Borledenn Vras que dessinait Lalaisse dans ses lithographies mais la forme porte plus vers le Pays Bigouden (il n’enveloppe pas complètement le carton mais est juste posé dessus) puisque le bas du dalet n’est pas « ouvert Â» comme la Borledenn vras.

 

c’est un ruban de Plougastel qui enserre la taille. Il est l’équivalent des livrées des mariées. 

III- Le costume masculin

Il ne diffère pas du costume bigouden au niveau de la coupe. La seule différence est repérable au niveau du chapeau. Contrairement au chapeau bigouden avec ses 3 bandes de velours superposées, ici nous n’en trouvons qu’une seule.  

Parfois même, les hommes portaient le costume typiquement bigouden mais arborait le chapeau glazig, avec une boucle ciselée mais sans guides, à l’instar du mari de la grand-mère de Michel Bolzer (photo du mariage, couple à gauche, 1er rang, à venir).

 

Certains costumes sont de conception glazig avec des motifs dits bigoudens. Seraient-ils originaires de Landudec ?

Nous ne pouvons pas l’affirmer mais cette hypothèse reste envisageable au vu de la situation de la commune. 

IV- La petite anecdote
 

La découverte de ce costume relève presque de la chance. Michel  Bolzer a récupéré le costume que portait sa grand-mère jusqu’en 1946, costume qui a été modifié au cours des années. En l’examinant de plus près, il a aperçu des fils jaune et vert sur la face interne du plastron et ce, des 2 côtés.

Il a eu l’audace de découdre le velours du plastron et là, quel ne fut pas son étonnement de découvrir des broderies, en très bon état de conservation. Sans sa perspicacité, nous serions passés à côté d’un véritable petit trésor.

 

La question se pose de savoir si ce costume est l’ultime rescapé de cette mode si particulière. Peut-être en existe-t’il encore un ou même plusieurs exemplaires au fond d’une armoire ?  

V- Les Hypothèses

Peut être, dans un souci d’esthétique personnelle, une femme a-t-elle décidée un jour de porter une borledenn avec un costume bigouden, tout simplement parce qu’elle trouvait ça élégant. Et de là, les autres femmes du bourg l’ont suivie, lançant du même coup, une toute nouvelle mode.

   Il est tout aussi envisageable d’imaginer un mariage « mixte Â» bigouden/glazig. Ne sachant laquelle des 2 modes choisir, ils en auront créé une nouvelle, reprenant des éléments de chacune d’entre elles. De même que précédemment, la population aura suivi et adopté cette mode originale.

Ou ne serait-ce qu’une façon de se différencier des autres communes ?

Nous ne connaîtrons sans doute jamais exactement  l’origine de ce costume. Existe-t’il  parce que Landudec est à la frontière entre plusieurs pays. La coutume voulait que les gens portent la mode de leur commune, mais comment faire lorsque vous habitiez juste à côté d’un autre pays ? Choisir une seule mode ou bien les mélanger ? De nombreuses questions restent encore sans réponse, mais cela ne fait-il pas tout son charme ?

 

Nous tenons grandement  à remercier Michel Bolzer qui nous a permis de découvrir ce costume unique et atypique. Sans son aide et ses conseils, nous n’aurions probablement pas pu finaliser la reconstitution du costume de Landudec ni cet article d’ailleurs !

Kizhier Pluguen

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